Nathalie NENCIONI
Photographe (de mariage) : les idées reçues
C’est le cas de tous les métiers, celui de photographe n’échappe pas à quelques idées reçues : "Photographe, ce n’est pas un vrai métier !" "Tu es photographe de mariage, tu ne bosses que l’été !"
"Il est facile ton métier, tu forces pas !"
« Il fait de belles photos ton appareil ! »
En général je réponds "C’est normal, je lui ai tout appris !"

C’est certain qu’avoir du bon matériel peut aider, mais cela ne suffit pas. Avoir l’œil, le sens du cadrage, de la composition, un sens artistique comptent au moins autant que la partie matérielle ou technique. De plus, je ne suis pas certaine que nos chers clients nous choisissent pour notre matériel.
"C’est facile d’être photographe, il suffit d’appuyer sur un bouton !"
Oui oui, juste un seul bouton.. Essayez vous verrez..

Plus sérieusement, il suffit d’appuyer sur un bouton APRES avoir calculé le cadrage, la composition, géré la lumière. Mais plus important encore, il faut être là au bon endroit et au bon moment, savoir anticiper les situations pour saisir les émotions.
Je parle là uniquement de la prise de vue, la partie visible de l’iceberg.
Il faut ensuite sélectionner, trier, optimiser les images et accomplir les tâches administratives, commerciales, comptables et sans oublier la communication. Tout cela prend du temps.
"Le photographe roule sur l’or" ou "Tu gagnes plus que moi en une seule prestation"
Une future mariée me disait « 1900€ c’est cher ». Hors contexte, cette somme peut paraître élevée.
Mais que se cache-t-il derrière un tarif ? Prenons comme exemple la formule à 1900€.
A ce tarif là, vous avez (pour la partie visible) : ma présence pendant 10 heures, une séance photo avant le mariage d’une durée d’env.1h30, un album ou une boîte avec des tirages, un diaporama, des petits cadeaux et en amont du mariage : un guide numérique, des échanges pour faire connaissance et une visite technique sur le site de la réception.
C’est sans compter le temps des différents trajets (visite et jour J à minima), le temps de sauvegarde, tri, optimisation des images, mise en ligne des photos, la réalisation de la maquette de votre album le cas échéant, la livraison des supports..
Mis bout à bout, cela peut représenter près de 35heures de travail. A cela, il faut enlever le coût des supports, les frais postaux, l’entretien ou le renouvellement du matériel, les formations, les abonnements (galerie en ligne, logiciels..) et bien sûr les cotisations sociales (23%). La liste n'est pas exhaustive et ne tient pas compte de ce qui ne s'achète pas comme la bienveillance, les attentions, l'implication personnelle.. Et tout le travail en amont réalisé pendant les périodes creuses pour améliorer son workflow, sa technique etc.
"Le photographe ne travaille pas en dehors des séances"
Et c’est la marmotte qui traite les images après avoir mis le chocolat dans le papier d’alu pendant que je sirote une boisson fraîche les doigts de pieds en éventail au bord de l’eau.
Après un mariage, c’est-à-dire un marathon d’en moyenne 10-12h voire 14 ou 15h, du repos s’impose ! Entre les courbatures, le mal au dos et la fatigue mentale et physique, le lendemain est réservé à la détente et la récupération.
Ensuite, c’est ce que j’expliquais plus haut, il faut s'occuper des photos du mariage. En dehors d’une séance que ce soit un mariage, une séance en famille/couple ou portrait, il y a les formations pour continuer de s’améliorer, le marketing, l’actualisation du site, la rédaction d’article de blog pour le référencement et faire connaître notre existence au reste du monde, répondre aux différentes sollicitations, développer des relations avec les collègues prestataires..
Quand on est à son compte, que l’on fait un métier par passion, on ne compte pas ses heures. On travaille parfois tard le soir, le week-end pendant que les autres s’amusent.
La photographie, comme tout autre métier, demande du temps, de la pratique pour le maîtriser, le développer et en vivre. Et ça en vaut la joie 😉